Main Basse sur la Ville

Dimanche 17 décembre vers 18h 

Main basse sur la ville (1963) 


Cette oeuvre exceptionnelle, Lion d'or à Venise en 1963, a juste 60 ans est un thriller politique quasi intempore

Naples, début des années 1960. À l'approche des élections municipales, un chantier de démolition provoque l'effondrement meurtrier d'un immeuble mitoyen. Une commission d'enquête est alors constituée. Dans cette plongée captivante dans les rouages de la gestion d’une ville italienne, Rosi dénonce la spéculation immobilière et les arrangements entre politiques locaux et promoteurs véreux. 



L’entrepreneur Edoardo Nottola, par ailleurs membre du Conseil Municipal de Naples, s’est énormément enrichi grâce aux spéculations immobilières et à la construction d’édifices à bas coût. Jusqu’ici soutenu par la droite, qui profite de ses affaires, il cherche aussi, à l’approche des élections municipales, l’appui des groupes politiques centristes, afin d’avoir une plus grande marge de sécurité et de manœuvre. Mais lorsqu’un immeuble vétuste, mitoyen d’une nouvelle construction mise en chantier par Nottola, s’écroule dans la vieille ville, un scandale éclate devant les blessés et les morts, tous de pauvres gens. Nottola voit alors son prestige compromis…
   
Acteurs chevronnés ou non professionnels - le rôle de l’élu communiste De Vita est interprété par Carlo Fermariello, membre éminent du PCI - font preuve d’une justesse confondante. En homme d'affaires corrompu, Rod Steiger excelle.... Si le film a, aujourd’hui encore, la force d’un coup de poing, il le doit à la convergence de plusieurs facteurs. Une photographie qui sublime la ville de Naples et des séquences qu’on ne pourrait sans doute plus filmer aujourd’hui – je pense à l’écroulement, l’émeute dans la ruelle, les tracts en flammes. Ces images et les splendides plans rapprochés sont l’œuvre du grand directeur photo Gianni Di Venanzo – 8 ½ de Fellini ou Eva de Losey, c’est également lui – dont la longue collaboration avec Francesco Rosi n’a d’égale que l’amitié et l’estime qu’ils se sont portées mutuellement. Une musique à fleur de peau composée par Piero Piccioni, qui souligne et entretient la tension générale du flm. L’utilisation du son de prise directe, une anomalie dans le paysage filmique italien de cette époque, qui donne aussi son accent de vérité au film. 

 
 Des dialogues ciselés par le réalisateur avec son complice de toujours, Raffaele La Capria, napolitain comme lui. Et indéniablement, le face à face brutal entre morale et politique bénéficie aussi du jeu inspiré des acteurs. Cela est d’autant plus remarquable que Francesco Rosi a, pour ce film, fait jouer de nombreux non professionnels aux côtés de Rod Steiger, Guido Alberti et Salvo Randone : les journalistes intervenant dans la salle d’audience du Conseil sont de vrais journalistes, les employés de la Mairie sont de vrais employés (les décors sont les vrais lieux), et nombre de Conseillers municipaux jouent leur propre rôle. Au premier rang desquels l’incroyable Carlo Fermariello, le conseiller d’opposition De Vita, dans son propre fauteuil (il deviendra sénateur du Parti Communiste Italien quelques années plus tard). L’expression « plus vrai que nature » prend tout son sens.
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Une photographie qui sublime la ville de Naples et des séquences qu’on ne pourrait sans doute plus filmer aujourd’hui. Ces images et les splendides plans rapprochés sont l’œuvre du grand directeur photo Gianni Di Venanzo, dont la longue collaboration avec Francesco Rosi n’a d’égale que l’amitié et l’estime qu’ils se sont portées mutuellement. Des dialogues ciselés par le réalisateur avec son complice de toujours, Raffaele La Capria, napolitain comme lui.

Au panthéon du cinéma politique, il y a Francesco Rosi, qui remuait la boue du pouvoir.un cinéma engagé où réalisme quasi documentaire et efficacité narrative se mêlent avec bonheur.

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