dimanche 5 mars à 18h: out of Africa ciné classique

Dimanche 5 mars à 18h

ciné classique



L'histoire :

« J'avais une ferme en Afrique, au pied de la montagne du Ngong. » Ainsi commence La ferme africaine, roman de Karen Blixen, écrit en 1937, dont s'inspira Pollack. Après avoir épousé le riche baron von Blixen, Karen part s'installer au Kenya; elle va y vivre une double passion, pour une terre et pour un homme, aussi sauvages l'un que l'autre...

Notre avis

Out of Africa, c'est le film aux sept Oscars de Sydney Pollack ( et aux 5 millions de spectateurs en France).

La photographie de David Watkin, à couper le souffle, fixe dans nos mémoires certaines scènes devenues mythiques : le biplan jaune de Denys survolant la savane africaine, l’envol d’une multitude de flamants roses, un dîner en amoureux en plein safari, un gramophone posé au milieu de nulle part égrenant, comme par magie, le Concerto pour clarinette de Mozart ....

« Classique » du cinéma américain ou bluette sentimentale sans intérêt, catalogue de clichés sur l'Afrique?

Sans doute un film à redécouvrir..... Grâce à une mise en scène faisant la part belle aux acteurs , Sydney Pollack développe une variation sur la possession, la liberté et l'esclavage.



Karen , romantique passionnée, croit aux valeurs du mariage et veut quelqu'un « qui lui appartienne » alors que Denys est un homme fougueux, épris de liberté. D'une délicatesse absolue dans les ellipses , d'un lyrisme assumé et d'un respect infini pour ce continent, Sydney Pollack fait sien les écrits d'une auteur envoûtante. "Ce qui a capté mon intérêt, avoue le cinéaste, est le spectacle de l'éclosion de cette femme, de sa maturation, du fait qu'elle parvienne à donner un sens positif aux événements les plus tristes, qu'elle surmonte son désarroi , qu'elle fasse du drame de sa vie une espèce d'oeuvre d'art."

Out of Africa peut-être aussi beau qu'un film de Douglas Sirk ?

Le vent dans les roseaux

dimanche 26 février à 18h30 L'usure du temps

Dimanche 26 février à 18h30

Ciné classique

L'usure du temps ( Shoot the moon)





L'histoire:
La rupture après 15 ans de mariage laisse le mari, la femme et leurs quatre enfants dévastés. Lui se préoccupe de sa carrière et de sa maîtresse mais pas seulement... et elle des enfants mais pas seulement.... Jalousie? Rancune?

Notre avis :
Pourquoi s’intéresser à “shoot the moon”, ou “l’usure du temps”, un film parmi tant d’autres dans l’abondante filmographie d’Alan Parker? ( "Midnight express","Fame", "Evita", "Mississipi burning"etc...)
D’abord parce que ce film oublié est le préféré et le plus personnel du réalisateur, qui reconnaît que, durant le tournage de cette fiction, il a mesuré la fragilité de son propre couple et, ayant lui-même 4 enfants, la complexité de la vie familiale. 
Si “l’usure du temps” n’est pas juste un film de rupture de plus, l’histoire d’une séparation douloureuse et survoltée, c’est sans doute d’abord par le choix du cadre, par l’intelligence de son scénario, la qualité de son interprétation.


Alan Parker nous amène dans une maison, dotée d’une vue magnifique et isolée à la campagne; il suit le rythme des saisons, accorde une vraie place aux 4 enfants, qui réagissent de façon différente à la désintégration de la relation parentale, fait confiance à 2 comédiens exceptionnels, Albert Finney et Diane Keaton, à la sensibilité à fleur de peau, pour incarner les parents.


La force du film, c’est de ne pas tenter d’expliquer. Qu’est ce qui a mal tourné dans ce mariage? Quelle est la nature de l’amour de George pour sa nouvelle compagne? Le film ne répond à aucune de ces questions mais reste dans l’émotionnel brut. Il n’y a “ni gagnants, ni méchants”(Alan Parker), juste “une atmosphère toujours électrique et c’est cette électricité qui est le moteur du film”(Pauline Kael).

Il faut voir ou revoir ce film méconnu, drôle, émouvant parce qu’il sonne juste, parce qu’il est subtil, qu’il fait confiance à l’intelligence et la sensibilité du spectateur et il faut en savourer la bande son mélancolique.

Tout ce que le ciel permet dimanche 19/02 à 18h10

Dimanche 19 février à 18h10

ciné classique

Tout ce que le ciel permet (1955 Douglas Sirk)




L'histoire:

Dans une petite ville du Connecticut, Cary Scott, une veuve séduisante, mène une vie monotone. Ses enfants, devenus adultes, redoutant qu'elle ne vieillisse seule, la poussent dans les bras de Harvey, un quadragénaire aisé. Or, contre toute attente, Cary tombe amoureuse de Ron Kirby, son jardinier, nettement plus jeune qu'elle. Apprenant la nouvelle, ses enfants s'insurgent..... 



Le mélodrame :

Il aura fallu les éloges de Godard ou de Fassbinder pour faire taire ceux qui ne voyaient en Douglas Sirk que l’équivalent cinématographique des romans à l’eau de rose. 

Pourtant, loin de crouler sous la guimauve, le spectateur se voit terrassé par cette histoire qui possède la force des grandes tragédies.

Il faut se battre, briser les barrières sociales et morales, si l'on veut vivre pleinement dans cette Amérique des années 50, engoncée dans ses préjugés. Pour Sirk, féministe convaincu, la femme n'est ici ni l'incarnation d'un modèle fantasmé, ni un substitut d'homme mais un être à part entière avec ses doutes, ses désirs, ses angoisses..



Qui est Douglas Sirk ?

Né à Hambourg de parents danois, Detlef Sierck de son vrai nom, a 35 ans lorsque Hitler arrive au pouvoir. Metteur en scène de théâtre reconnu, il devient réalisateur de cinéma dès 1934. Remarié à une juive, il est contraint de partir vers Hollywood avec un secret, qu'il cachera toute sa vie : l'atroce destin de son fils, né d'un premier mariage, qu'il n'aura jamais le droit de revoir après son divorce....



L'influence de Sirk :

Tous les grands réalisateurs,de Pedro Almodovar à Quentin Tarantino en passant par François Ozon se réclament de Sirk. Fassbinder réalisa d'ailleurs un remake de ce film avec "Tous les autres s'appellent Ali" et Todd Haynes fit de même avec " Loin du paradis". 

Notre avis :

Chef-d’œuvre incontestable, somptueux, sophistiqué et bouleversant mais aussi film étonnamment moderne et d'une grande cruauté.

Le travail sur la couleur et la lumière, toujours inventif, oppose la chaleur des intérieurs « humains », ceux de Ron le jardinier, ou de Cary, à la froideur des salons mondains...

Peut-être n’a-t-on jamais affirmé avec une telle force, et une telle retenue, à quel point le désir féminin est insupportable aux autres. Pour avoir tenté de rompre avec cet enfermement qui lui est imposé, Cary se heurte à la violence sociale et aux rejets multiples

Les plans qui terminent le film (le cerf passant devant la baie vitrée de la maison de Rock Hudson) sont parmi les plus beaux de l'œuvre de Sirk...et nous renvoient à la biche qui apparaît, en hommage, dans le premier plan de 8 femmes (Ozon).

Festival des images aux mots: la sociologue et l'ourson lundi 20/02 à 20h30

Festival des images aux mots
Lundi 20 février à 20h30

La sociologue et l'ourson 
suivie d'un débat (par skype) avec l'un des réalisateurs Mathias Théry






Le film:

De septembre 2012 à mai 2013, la France s'enflamme sur le projet de loi du Mariage pour tous. Pendant ces neuf mois de gestation législative, Ia sociologue Irène Théry raconte à son fils les enjeux du débat. De ces récits naît un cinéma d’ours en peluches, de jouets, de bouts de cartons. 

Portrait intime et feuilleton national, ce film nous fait redécouvrir ce que nous pensions tous connaître parfaitement : la famille.



La réalisation:

La mère de Mathias, la sociologue Irène Théry, auteur de nombreux ouvrages sur le mariage, la filiation et la parentalité, y dispense ses lumières en oursonne bienveillante via de savoureuses conversations téléphoniques avec son béotien de fils.

"C'est Irène qui nous a incités, Etienne Chaillou et moi, à faire un film sur le mariage pour tous. On l'écoute, on rencontre des associations, des familles homoparentales… On trouve le sujet intéressant mais ça ne nous suffit pas". 

Décision est alors prise d'enregistrer les conversations sur le sujet avec Irène Théry. Ce dispositif permet d'obtenir des scènes et non pas des interviews. Quant au fait de remplacer les humains par des peluches, cela produit de la distance et de l'apaisement.

Les peluches, c'est de la récup, le but n'était pas qu'elles soient belles mais plutôt qu'elles donnent l'impression de penser… Les seules peluches qu'on a fait fabriquer spécifiquement, c'est celles d'Irène, la maman ours, de mon père et la mienne.

Les réalisateurs:



Les deux réalisateurs Mathias Théry et Étienne Chaillou se connaissent depuis les ateliers de l’École Nationale Supérieures des Arts Décoratifs de Paris. S’ils aiment s’appuyer sur différentes formes de narration en utilisant notamment le dessin animé, la photographie ou la peinture, ils ont choisi ici la marionnette. 

Notre avis: 

Un film délicieusement raconté, entre documentaire et film d'animation, drôle, créatif, sympa, ludique, décalé et plein de charme. "Très original de par sa forme, avec un contenu accessible à tous, "La sociologue et l’ourson" n’est pas pour autant un film militant mais plutôt d’engagement. Il va sans doute permettre à certains de mieux comprendre notre société : une totale réussite !"